Comprendre le système de santé néerlandais pour mieux l’accepter
Chloé rédige pour francine à vélo
Chloé Genovesi Fluitman vit au Pays-bas depuis 13 ans avec un Dutch et leurs deux enfants binationaux. Depuis quelques mois, elle a enfin sauté le pas : elle fait de sa passion pour l’écriture son métier. Rendez-vous sur son site pour retrouver ses chroniques piquantes et son actualité de rédactrice.
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Comme vous l’expliquez en reniflant à votre huisarts : ça y est c’est la fin et vous allez mourir. Le praticien compatit et tente de vous renvoyer chez vous avec du paracétamol. Vous l’aviez vu venir, mais vous tenez bon : à ce stade de douleur, vous n’accepterez rien de moins qu’une greffe de la gorge immédiate. Vingt minutes de négociations plus tard, vous avez tout de même réussi à vous faire conseiller une marque de sirop au thym, une belle victoire en somme.
Chaque expatrié possède son lot d’anecdotes étranges voire carrément inquiétantes sur la médecine locale. Pourtant, le système de santé néerlandais serait l’un des systèmes de santé les plus performants au monde. Alors bobologie outrancière des uns ou négligence des autres ? Et puis au fait, comment ça fonctionne vraiment ? On fait le point !
Le système de santé néerlandais, comment ça marche ?
Médecin traitant, spécialistes et assurances : suivez le guide !
Le médecin traitant en première ligne
Le médecin traitant (huisarts en néerlandais) est le premier professionnel que l’on consulte, quel que soit le problème ou la question. Si le médecin traitant, ou médecin de famille, l’estime nécessaire, il pourra vous adresser à un spécialiste. Sans l’aval du huisarts ni une référence de sa part, vous ne pourrez pas contacter directement le spécialiste pour prendre rendez-vous.
Contrairement à la France, les spécialistes ne traitent que les cas spécifiques et n’assurent en général pas les examens préventifs. Les contrôles gynécologiques, ou dermatologiques, se font par exemple auprès du médecin de famille. Si le système peut surprendre, il permet d’assurer aux patients des délais d’attente écourtés et des services hospitaliers désengorgés.
L’assurance : spécificités et tarification
Bien que privé, le système d’assurance est fondé sur un principe de solidarité. C’est-à-dire qu’un assuré qui a besoin de soins quotidiens paiera le même forfait mensuel qu’un assuré qui ne consulte jamais.
Si le prix d’un forfait donné ne varie pas d’un patient à l’autre, il existe différentes formules dont les tarifs diffèrent en fonction des couvertures proposées. Par exemple, l’assurance basique couvre seulement les frais de base, c’est-à-dire les consultations chez le médecin traitant et les urgences ou les soins essentiels. D’autres forfaits plus coûteux couvrent également les frais dentaires, les lunettes ou encore certaines médecines alternatives.
À savoir : quel que soit votre choix d’assurance, les 350 premiers euros de soin sont à votre charge.
L’absence de médicaments et l’amour du naturel
Nous allons tenter de répondre à la question qui anime tous les débats depuis que le premier expatrié sud européen a foulé le sol néerlandais. À l’époque déjà, Florimond, marchand français de son état, s’offusquait qu’on lui propose une tisane de Rooibos plutôt qu’une saignée pour soulager ses humeurs. Il existe plusieurs pistes à explorer pour tenter de comprendre cette attitude totalement déroutante pour un peuple pour qui le Célestène (des corticoïdes de synthèse) et l’Augmentin (un antibiotique) font partie intégrante des souvenirs d’enfance, à l’instar des Minikeums et des matins de Noël au pied du sapin.
On peut tout d’abord invoquer de simples différences culturelles et arguer qu’environ 99,9 % des maladies que nous attrapons vont effectivement guérir d’elles-mêmes. C’est toujours extrêmement dommage de faire partie des 0,1 % restant et d’atterrir au huisartspoten un dimanche soir à 23 heures avec 43 de fièvre et un début de nécrose, mais si l’on considère que tous les médicaments peuvent provoquer des effets secondaires handicapants et s’avérer carrément toxiques sur le long terme, c’est un risque que l’on peut être prêt à prendre.
D’ailleurs, on finit toujours par recevoir un traitement adapté si c’est nécessaire, après une période d’attente censée tester la viralité supposée de l’affection. Cela implique parfois de vivre plusieurs semaines en compagnie d’un enfant dont les écoulements auriculaires pourraient déstabiliser le plus aguerri des médecins légistes, mais le traitement antibiotique à la clef vaut vraiment le coup !
Au-delà de l’aspect pratique, on peut également invoquer l’héritage religieux et la doctrine doloriste du calvinisme pour lequel la douleur revêt une valeur morale et exaltante. Si de nos jours, la plupart des gens ignorent cette doctrine, les Pays-Bas continuent d’aborder la souffrance de façon bien plus pragmatique que leurs voisins latins. La douleur fait partie de la vie et il n’est pas obligatoire de la soulager à tout prix. Pour preuve, environ 80 % des femmes qui accouchent aux Pays-Bas le font sans péridurale. Volontairement !
Pour aller plus loin :
Trouver une assurance santé (en anglais) : Dutch health insurance & Health insurance companies
S’inscrire auprès d’un médecin traitant : General Practitioners (GPs) & Doctors | Healthcare Netherlands