Rencontre avec Pauline Mainguet, doula française à Amsterdam
LorelEï Chardonnereau rédige pour francine à vélo
Loreleï Chardonnereau, rédactrice et maman d’une petite Billie, a posé ses bagages dans le pays des tulipes depuis déjà une année. Cette Amstellodamoise de coeur est férue d’écriture et aime user de sa plume pour raconter de belles aventures.
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« Mes mamans sont mes fleurs qui subliment mon jardin de bonheur » derrière cette phrase poétique, on retrouve Pauline Mainguet, Franco-Colombienne d’origine et Néerlandaise de coeur. Surnommée Fleur de doula, cette maman de deux enfants exerce le job de ses rêves depuis plus de deux ans. Ce métier, vieux comme le monde, a pour but d’aider les futures mamans tout au long de leur grossesse, pendant et après l’accouchement.
Pauline à accepter de répondre à quelques questions pour nous raconter son histoire et nous aiguiller dans l’accompagnement à la périnatalité.
Depuis combien d’années vis-tu aux Pays-Bas?
Depuis maintenant trois ans et demi. Après une expatriation en Amérique du Sud puis un retour en France, nous avons enfin posé nos valises aux Pays-Bas. Nous avons d’abord habité dans le quartier De Pijp puis déménagé pour Zuid quand notre famille s’est agrandie. Nous avons choisi les Pays-Bas à la suite d’une opportunité professionnelle pour mon mari. Infirmière de formation, j’ai décidé de démissionner avant notre seconde expatriation. Je souhaitais profiter au quotidien de ma fille, Augustine, avant de trouver le métier qui correspondrait le mieux à mes envies. Après quelques recherches, je me suis lancée dans une formation de doula.
Comment es-tu passée d’infirmière à doula ?
Petite, je rêvais d’être sage-femme mais mon expérience m’a menée vers le métier d’infirmière. Je me suis spécialisée en chirurgie avec toujours l’idée en tête de retrouver un jour mon premier amour: travailler auprès des futures mamans et de leurs tout-petits. L’élément déclencheur a été ma première grossesse. J’avais décidé de mettre au monde ma fille sans péridurale mais je n’étais pas assez préparée et j’ai vécu à contrecoeur un accouchement médicalisé. Psychologiquement, ce moment a été très difficile pour moi : je l’ai vécu comme un véritable échec personnel. Enceinte de mon deuxième enfant, j’ai été accompagnée pendant ma grossesse par des doulas. J’ai accouché d’un petit garçon, Samuel, de manière naturelle au Bevalcentrum, une maison de naissance sur Amsterdam. Cette expérience a été pour moi unique et tellement positive qu’elle a renforcé mon envie de devenir doula et d’aider ainsi d’autres femmes à trouver cette puissance incroyable.
Pourquoi as-tu choisi le métier de doula plutôt que celui de sage-femme ?
Après avoir connu le monde hospitalier, je souhaitais retrouver un métier qui correspondrait parfaitement à mes valeurs. Le rendement, le manque de temps, la non-individualisation lors des soins et les fameux protocoles me coutaient beaucoup dans mon quotidien d’infirmière. Lors de la naissance de ma fille, j’ai ressenti le besoin de me rapprocher de la périnatalité mais je ne souhaitais pas retrouver le monde médical. Aujourd’hui, je suis doula et je me sens beaucoup plus en phase avec moi-même. Être à l’écoute, informer, soutenir les femmes ou les couples lors d’une grossesse et pouvoir choisir le nombre de personnes dont je m’occupe est une chance incroyable. Pour moi, la disponibilité est la clé pour nouer une vraie relation de confiance. Pour autant, mon ancienne casquette d’infirmière m’aide toujours à rassurer les parents lors de grossesses dites pathologiques ou durant un accouchement en milieu hospitalier.
Qu’aimes-tu dans ce métier ?
Ce qui est très important pour moi est de construire une relation de confiance. Cette proximité permet d’aider les futurs parents à extérioriser leurs sentiments pendant ce grand chamboulement de vie. À bas les tabous, on peut parler de tout ! Je souhaite les accompagner dans tout ce qu’ils traversent et les soutenir dans leur projet de naissance. Je suis leur doula mais pas que. J’aime développer un réel lien avec eux, les soutenir et leur permettre de verbaliser leurs doutes ou leurs peurs. Pour moi, l’accomplissement se passe le jour de l’accouchement. Je sais que mon travail a été réussi quand je lis le sourire épanoui sur le visage d’une maman. J’ai également eu cette chance incroyable de partager les premières minutes de vie de plusieurs nouveau-nés.
Comment accompagnes-tu les futurs parents ?
Pendant cette préparation, j’aide les futurs parents à élaborer leur projet de naissance: je leur donne toutes le clés théoriques et pratiques pour les aider à visualiser de manière positive le jour J. Grâce à mes différentes formations, je pratique aussi des exercices de respiration, de la méditation ou encore des techniques de shiatsu. Si les parents le souhaitent, je peux les assister le jour de l’accouchement. Un bon moyen d’aider le papa à savoir comment soulager la maman et de les réconforter pendant toute la période du travail.
Par la suite, je préconise toujours une séance postnatale dans laquelle j’échange longuement avec la maman afin qu’elle extériorise son expérience personnelle. Du côté des tout-petits, je propose un Thalasso Bain Bébé, appris à l’école du bien-être de Sonia Krief, qui permet au nouveau-né de revivre des sensations vécues dans le ventre de sa maman. J’apprends également aux parents les différentes techniques de massages pour aider les bébés à se relaxer, s’éveiller et soulager leurs maux. Enfin, je pratique le Rebozo, un massage traditionnel mexicain qui se fait à quatre mains pour favoriser un profond lâcher prise pendant cette période de transition. Son tissage particulier permet notamment de resserrer le bassin après la naissance.
Travailles-tu avec d’autres personnes au quotidien ?
Quand les mamans nous font la demande, je travaille avec une kraamzorg française que beaucoup connaissent : Delphine Petit. Nous faisons ensemble un accompagnement global pour sécuriser encore plus les futures mamans. Je suis également épaulée par ce que j’appelle ma doulamie, Marjorie Lumet, qui a été ma doula lors de ma dernière grossesse et qui m’aide aujourd’hui lors de mes soins Rebozo.
Peux-tu nous expliquer la différence entre une kraamzorg et une doula ?
La première différence entre ces deux professionnelles est médicale. Une kraamzorg s’occupe du suivi postnatal. Elle peut être affectée de manière aléatoire, les parents la rencontrent souvent le jour de l’accouchement. À l’inverse, les parents ont la possibilité de choisir la doula avec laquelle ils souhaitent être accompagnés tout au long de la grossesse, avant et après accouchement. Une doula a de multiple facettes, elle peut soutenir un couple sur une plus longue période. Pour moi, la doula peut s’additionner à la kraamzorg pour aider les futurs parents. Malheureusement, la seconde différence est que la doula n’est pas prise en charge par la mutuelle, contrairement à la kraamzorg.
As-tu des recommandations concernant ta reconversion professionnelle ?
Concernant mon métier, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de partager ma formation. C’est une aventure personnelle. Aujourd’hui, il existe un grand nombre de doulas mais elles sont toutes différentes les unes des autres. Pour trouver sa spécialisation, son propre corps de métier, il faut parfois rechercher au plus profond de soi. Mon souhait était d’informer les futurs parents sur tous les aspects de la périnatalité afin que les femmes soient actrices de leurs accouchements et qu’elles aient toutes les cartes en mains le jour J. Je me suis également intéressée au post-partum car je voulais que les mamans dont je m’occupe puissent trouver une bulle de douceur après ce marathon. Je recommande aux personnes qui souhaitent se reconvertir de prendre le temps, de creuser au plus profond d’eux-mêmes et de savoir ce qu’ils veulent transmettre. Aujourd’hui je vibre à chaque rencontre avec de nouveaux parents.
Que fais-tu pendant ton temps libre ?
Comme vous l’avez peut-être compris, je suis passionnée par mon métier. Pendant mon temps libre, je fais aussi tout ce qui se rapporte à la périnatalité. Dernièrement, j’ai assisté à une conférence de Michel Odent, un chirurgien et obstétricien, auteur d’un grand nombre d’articles scientifiques et d’ouvrages liés à la naissance. Sinon je passe le plus clair de mon temps à profiter de mes deux enfants et de mon mari. Pour moi, Amsterdam est une ville parfaite pour passer de bons moments en famille.
Qu’est-ce-que tu aimes dans ta vie d’Amstellodamoise ?
Tout ! La vie est calme et paisible. Je trouve qu’il fait bon vivre sur Amsterdam. Entre ses merveilleux parcs et les nombreuses activités proposées pour les enfants, on ne s’ennuie jamais. On peut tout faire en famille. Nos enfants peuvent s’épanouir ici ! La ville et le système éducatif public proposent une palette de possibilités et nous permettent même de choisir l’éducation que nous voulons donner à nos enfants. C’est une ville vraiment accueillante, on retrouve notamment des groupes d’expatriés français qui rendent la communication et la socialisation plus facile. Et bien sûr, j’adore le vélo ! Pour moi, cette ville nous donne le sentiment d’être en vacances.
Quels sont tes futurs projets ?
Je souhaite continuer de m’informer autour de la périnatalité, suivre de nouvelles formations de bien-être pour apporter un meilleur accompagnement aux mamans. En fin d’année par exemple, je commence le Kobido, un massage ancestral japonais du visage. J’espère qu’il permettra aux mamans de se détendre encore plus et de profiter d’un moment rien que pour elles. J’ai envie de développer et parfaire mes compétences pour aider les futures mamans à être actrices de leurs accouchements, qu’elles arrivent à mettre au monde leurs enfants en pleine conscience et connaissances de leurs corps.
Quels conseils donnerais-tu aux futures et nouvelles mamans ? Peuvent-elles te contacter ?
Il est important qu’elles écoutent leurs intuitions physiques et psychiques. Il faut qu’elles se fassent confiance et qu’elles s’informent au maximum sur toutes les possibilités. Le but est d’accueillir au mieux la puissance et l’intensité des contractions. Je suis fière de les accompagner dans cette quête intérieure pour qu’elles y trouvent cette force féminine incroyable.
Quel lieu voudrais-tu ajouter au carnet d’adresses de Francine à vélo ?
Coconut Coffee dans le quartier De Pijp ! Pour moi c’est l’endroit idéal pour déjeuner entre amis, profiter ou encore travailler. J’adore son ambiance décontractée où l’on peut même se lover dans des canapés douillets.
Petite question pour la fin, es-tu plutôt :
Stroopwafels ou Poffertjes ? Poffertjes
Bitterballen ou Kaasstick ? Bitterballen
Heineken ou Amstel ? Heineken