Rencontre avec Emmanuel Cappellin
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L'équipe de Francine à vélo
Il y a des films qui peuvent changer notre image du présent et notre vision de l’avenir. Une fois que tu sais d’Emmanuel Cappellin, écrit et réalisé en collaboration avec Anne-Marie Sangla, est ce genre de documentaire. Entre objectivité et subjectivité, émotions et chiffres, pensées et actions, tout au long du film, nous évoluons sur un fil tendu entre deux mondes. Le but ? Nous donner la possibilité de construire ensemble une société fondée sur des valeurs d’entraide alors même que les tensions géopolitiques poussées par la crise climatique ne risquent que de s’accroître. L’Alliance Française d’Amsterdam vous propose de découvrir ce film, qui (r ) éveillera certaines personnes pour mieux en réconforter d’autres, lors d’une projection exceptionnelle en présence d’Emmanuel Cappellin, le 24 juin 2023. En attendant de rencontrer le réalisateur, nous avons eu la chance de discuter avec lui, par téléphone. L’occasion était trop belle pour ne pas lui poser toutes les questions qui nous brûlaient les lèvres.
Pourrais-tu décrire Une fois que tu sais en quelques mots ?
C’est l’exploration des sensations qui nous traversent une fois que l’on a intégré la question du climat et des limites de notre planète. C’est-à-dire lorsqu’on a compris qu’il ne s’agit plus de résoudre un problème, mais bien d’accepter le nouveau contexte dans lequel nous allons évoluer. C’est un processus qui se fait d’abord à l’intérieur, en soi, de manière intime, puis progressivement de façon de plus en plus collective et politique.
Ce documentaire évoque, en effet, de façon très claire que le changement climatique n’est pas un problème « de plus » mais bien un sujet qui englobe tous les domaines de notre civilisation (société, politique, santé, économie…). Pourtant il y a encore des personnes qui choisissent de fermer les yeux à ce propos. Comment l’expliques-tu ?
Dans une séquence du documentaire, nous amorçons une piste de réflexion avec la conférence de Pablo Servigne. À vrai dire, le déni prend de nombreuses formes, il y a donc de nombreuses réponses à cette question. De plus, on peut s’arrêter à différentes étapes lors d’une prise de conscience… Et, même après la prise de conscience, une fois que la question est devenue une partie de notre identité ou du moins de notre façon de nous projeter dans le monde, il y a ensuite la prise d’émotions, puis la prise d’actions. Il y a toutes ces étapes à suivre et le déni peut intervenir à chacune d’entre elles.
Le déni, ça peut être lié à la peur. Celle de perdre des privilèges, si on évolue dans un milieu aisé, ou, si on est issu de la classe moyenne, la perte du grand rêve sur lequel on a construit tous nos efforts. Nous avons tous été élevés avec l’idée que, si on travaillait bien à l’école, on aurait un bon boulot et donc une bonne retraite et que c’était une belle façon de voir grandir nos enfants et nos petits-enfants. Ce rêve de continuité qui donnait du sens au présent et la possibilité de se projeter dans l’avenir, ce rêve, très noble, s’écroule. Ce désir de construction qui s’effondre, c’est extrêmement violent et cela demande un bon déni protecteur.
Avec Une fois que tu sais, j’ai cherché une voie qui reconnaît la part de vérité dans deux voies qui se contredisent :
– Celle des activistes qui défendent l’idée d’un très gros problème, qui doit être regardé en face, pour lequel il y a des solutions et qui soutiennent que seule la volonté politique manque pour le résoudre.
– Celles des responsables politiques, qui ont accès à l’information, mais qui, en tant que responsables des administrés, ont conclu collectivement qu’il n’y a pas de solution réelle sans exiger d’énormes sacrifices et sans bousculer les équilibres sociaux, sans créer une instabilité.
Dans le film, on essaie de montrer qu’il faut être capable de tenir les deux discours : oui, il y a un très gros problème et, non, il n’y a pas de solution. Mais, c’est toujours mieux de regarder le problème en face et de se préparer collectivement, que de rester dans une position de déni.
Est-on la seule espèce à s’autodétruire ?
Toutes les espèces sont contraintes par d’autres espèces autour d’elles. Si ça n’était pas le cas, elles se développeraient de manière illimitée, et dépasseraient les seuils de soutenabilité en détruisant les ressources qui sous-tendent leurs existences. Toutes les espèces ont donc ce potentiel, mais nous, les humains, avons réussi à repousser toutes les limites qui étaient là pour nous garder dans un espace de sécurité. Nous sommes sortis de cet espace où les conséquences peuvent être brutales à petite échelle, pour être dans un espace où les conséquences sont irréversibles à très grande échelle.
Penses-tu que la prise de conscience écologique passe toujours, en premier lieu, par une remise en question personnelle et nécessite même, souvent, une perte d’identité ?
Cela dépend de ce que l’on entend par prise de conscience écologique. En ce qui concerne la percolation progressive de l’information, j’aime beaucoup parler de la théorie du post-it (oui, comme ceux que l’on colle sur nos réfrigérateurs). À chaque fois que l’information repasse par notre cerveau, qu’elle arrive par différents biais, elle se rapproche de plus en plus du cœur de notre nuage de post-its. Cette info, qui était périphérique au départ, va finalement devenir constitutive de qui nous sommes. Cela peut être quelque chose de très progressif, ou cela peut donner lieu à de véritables bascules. En France, on voit, aujourd’hui, que des gens ont besoin de rompre avec leurs études, leurs métiers… La prise de conscience peut être rationnelle ou émotionnelle et c’est souvent une série de petits moments eureka.
Quoi qu’il en soit, il ne faut pas sous-estimer la part de l’émotionnel. Dans les sciences cognitives, il est démontré que nous avons tous ce bouton on/ off qui nous permet de traiter ensuite, ou non, l’information à un niveau rationnel. Si je perçois la source de l’information comme positive ou que je m’identifie à elle, je serais réceptif et enclin à traiter l’information. L’émotionnel tient donc une part très importante dans ce processus.
Comment garde-t-on la force de s’engager lorsque l’on constate que la catastrophe est déjà en marche et que les réactions des dirigeants politiques, des personnes autour de nous, ne sont pas à la hauteur, qu’il n’y a rien qui avance, change ?
Faire des films à propos de ça, dans un objectif cathartique (rires).
Il est certain qu’avoir un espace créatif pour exprimer ce que l’on traverse, c’est important. On le voit aussi avec chacun des protagonistes du film (Jean-Marc Jancovici, Pablo Servigne, Saleemul Huq, Susanne C. Moser). Ils sont tous dans la transmission. Richard a son violon, Saleem ses discours envers la jeune génération, etc. Nous avons ainsi le sentiment de posséder une capacité de levier sur le présent, sur notre réalité. Le désarroi et le sentiment d’être dépassé sont inévitables et seront de plus en plus puissants. On peut gérer cela, en partie.
L’idée n’est pas de réduire notre impact uniquement, mais aussi de le maximiser, en touchant les personnes autour de nous. Malgré tout, ce baume reste inefficace si on ne travaille pas en parallèle sur l’acceptation de l’impermanence et de l’augmentation de cette part d’imprévisible dans nos vies. Depuis l’école maternelle, on a eu une grande visibilité sur notre avenir. Comme on le disait juste avant, notre futur était tout tracé et nous travaillions à sa construction. Or aujourd’hui, il faut déconstruire cette idée.
Joanna Macy, qui étudie le bouddhisme et l’activisme, en particulier le burn out des militants, affirme que l’une des clés pour ne pas se « cramer », c’est l’acceptation de l’impermanence. Embrasser l’impermanence permet d’ailleurs de rester dans l’action : si je sais que tout est foutu, je ne me lève pas le matin ; si je sais que le problème est résolu, je ne me lève pas non plus. C’est dans cette impermanence, cette tension, qu’on reste vivant et actif.
Est-ce qu’entre le début de l’écriture de ce film (2012) et aujourd’hui, tu vois une évolution dans la prise de conscience de l’opinion publique et des politiques ?
La Covid est passée par là et avec elle, la prise de conscience d’un effondrement possible. Les notions d’ « exponentiel » et d’ « effet domino », qui sont normalement difficilement palpables, nous les avons tous vécues dans nos chairs. Le mot effondrement n’est plus inconnu. Dans le domaine politique, les idées de décroissance et de zéro croissance font leur chemin. Cela va prendre du temps. Comme l’explique le sociologue Bruno Latour :
« On est des braves civilisés de l’holocène, c’est-à-dire une période très calme du point de vue du système terre et à l’intérieur duquel on est plutôt tranquille même si on s’égorge mutuellement de façon très sympathique. Mais l’égorgement, si vous voulez, c’est classique, on sait faire, on sait s’indigner, on sait contre quoi se scandaliser, etc. Sur les questions écologiques, on ne sait même pas sur quoi s’indigner, on a pas de mécanisme pour s’indigner, se scandaliser, juger, évaluer, etc – ce qui est normal parce que […] on a pas eu les partis politiques non plus qui nous ont aidé à faire ce travail. Il a fallu 200 ans pour que les partis socialistes et communistes et libéraux apprennent ce qu’est la question sociale et comment on la juge, comment on se débrouille, comment on vote, comment on évalue les gens, etc. On a rien eu d’équivalent pour ces nouvelles questions climatiques.».
Combien d’années va-t-il donc nous falloir pour comprendre que le monde est maintenant « plein » et encore combien d’autres pour agir en conséquence ? Néanmoins, l’idée progresse. Il y a quelques jours, au Parlement Européen de Bruxelles, tous les chercheurs de la décroissance ont pris la parole lors de l’événement Degrowth. En 2012, c’était inenvisageable.
L’homme s’est toujours adapté à son milieu. Les Pays-Bas en sont un bel exemple avec, depuis des siècles, un travail de récupération de terre sur la mer. Pourquoi pense-t-on qu’avec la crise climatique, il y aura moins d’acclimatation et plus de migration ?
Pour l’un des projets sur lesquels je travaille en ce moment, je suis Saleemul Huq au Bangladesh pour montrer la diversité des stratégies d’adaptation et l’ingéniosité humaine à l’œuvre mais comme Saleemul l’explique très bien : l’adaptation est possible, mais au bout d’un moment les changements sont tels qu’on doit trouver une nouvelle façon de s’adapter, jusqu’au jour où on ne peut plus repousser l’échéance et qu’il faut partir. Pour les Pays-Bas, comme les autres pays, il y aura aussi une échéance, qu’elle soit dans 100 ans ou dans 200 ans.
Imaginons qu’un pays montre l’exemple. Quel type de société pourrait, à ton avis, réussir à impliquer tout le monde dans ces évolutions et faire de la lutte pour le climat et la préparation du monde d’après une thématique inclusive ? La création de mini sociétés, telles des éco-villages, fondées sur des notions d’entraide, de trocs, de bienveillance, pourrait-elle être une solution ?
La situation climatique et énergétique est hors de contrôle. On va vers des mouvements migratoires de masse qui vont redessiner les cartes du monde et créer des tensions géopolitiques énormes. Ça ce sont les données.
Viennent les questions qu’elles sous-entendent. Comment peut-on comprendre ces données ? Va-t-on chercher les vrais mécanismes derrière elles ou nous cacher derrière le déni ? Quid de la notion de réduction de l’échelle spatiale ? Celle de l’État nation ? Cet épuisement énergétique va-t-il finalement nous emmener vers un futur heureux ?
Les démocraties à économie de marché ont tendance à ne pas se faire la guerre. On peut leur reconnaître ça. Du coup, que va-t-il se passer si nous réduisons trop les échanges (sans tomber dans les caricatures du retour à la caverne ou au moyen-âge) ? Telles sont les questions auxquelles nous devons répondre.
Croyez-vous à la théorie du colibri, ou des petits pas ? ( C’est-à-dire que les initiatives individuelles peuvent changer la donne, même à moindre mesure ?
C’est absolument nécessaire et absolument insuffisant. La théorie du colibri est éclairée par une étude de Carbone 4 (Cabinet de conseil de Jean-Marc Jancovici). Au niveau de la France, si nous étions tous des super-héros écolos, on ferait entre 25 et 30 % du chemin pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre et tendre vers les objectifs et engagements pris au sommet de Paris, à la Cop21. Si on ajoute à cela, ce qui est du domaine de l’investissement, avec par exemple, le changement d’une chaudière à fioul ou la rénovation d’une maison, on arrive à 50 % des objectifs. Il y a 50 % des émissions qui dépendent des individus et le reste qui ne dépend que de décisions politiques.
Pour toi, quels sont les premiers gestes que nous pouvons et devons adopter, dès maintenant ?
L’alimentation. Il faut tendre vers le végétarisme. Il y a deux jours, j’étais à la cité des sciences pour l’ouverture de l’exposition permanente Urgence climatique et, là-bas, il y a une grande pyramide qui montre l’impact carbone de chaque aliment. D’un coup, ça saute aux yeux : les changements qu’on peut apporter en modifiant notre alimentation sont extrêmement puissants. De toute façon, nous serons bientôt obligés de le faire, donc c’est aussi, quelque part, une manière de commencer la transition.
La mobilité. Il faut réduire au maximum nos déplacements, surtout en voiture et en avion. Nous sommes devenus hypermobiles. Trop. Il faut réapprendre à rester chez soi et à se déplacer autrement.
L’habitat. Pour ceux qui envisagent de construire, aujourd’hui, on peut le faire de manière beaucoup plus vertueuse, en faisant certains choix. Il faut être capable d’investir plus maintenant pour réduire les charges futures. Ça demande des investissements en argent, mais aussi en temps et en réflexion. Il faut se poser les bonnes questions. Et pour compenser ce sur-investissement, la chose la plus simple, c’est de réduire les mètres carrés. Au lieu de construire une villa de rêve des 30 glorieuses, il faut construire selon les critères de l’habitat social.
En fait, pour tout, il faut toujours se demander : est-ce que j’en ai vraiment besoin ?
Recommanderiez-vous de rejoindre des groupes d’actions collectives ? En France ? Aux Pays-Bas ? lesquels ?
C’est une des intentions du film. L’arche narrative, c’est quand même l’histoire d’un type qui chemine d’une position assez individualiste à la recherche de réponses personnelles et qui, en chemin, se construit une conscience politique et se tourne vers le collectif. À la fin du film, on me voit rejoindre le mouvement Extinction Rebellion mais ça ne veut pas dire que la désobéissance civile non-violente est l’unique réponse. Mais ce qui me semble évident aujourd’hui, c’est que vivre ces grands bouleversements bio-géophysiques à un niveau politique peut nous redonner du sens et nous redonner prise sur les événements. Faut-il rejoindre des groupes dits radicaux ou même éco-terroristes (rires), des groupes de quartier, ou encore une famille politique ? Je ne sais pas. Néanmoins, le commentaire qui me touche le plus à l’issue d’une projection, c’est quand on vient me dire : « Merci, je ne suis plus seul ».
Je n’ai pas de recommandations de groupe d’actions collectives aux Pays-Bas. Les plus efficaces, les plus visibles, les plus anciens ? Je ne sais pas. Cela dépend de la sensibilité de chacun. Pour « Racines de Résilience », la campagne d’impact qui accompagne le film, nous avons développé un « arbre aux actions » qui recense 150 manières de s’engager, et plus de 220 structures comme autant de points d’entrée sur cette question. Nous avons déjà développé des arbres pour les territoires France, Suisse, Monde (anglophone). Nous cherchons maintenant à multiplier les arbres pour rendre visible l’écosystème des initiatives dans chaque pays, sur chaque territoire. Si vous voulez nous aider à en créer un pour les Pays-Bas, écrivez-nous via le site internet de Racines de Résilience.
Tout au long du documentaire, tu demandes à tes intervenants de dessiner l’expression de leurs émotions sur ton carnet. Quel est le but de cette démarche ?
L’idée de ce dispositif narratif est venue du fait que, pendant très longtemps, ce film s’appelait Ceux qui savent et non pas Une fois que tu sais. Le film reposait uniquement sur les scientifiques, je n’étais pas du tout dedans. Ma présence dans le film est due à l’insistance d’Anne-Marie Sangla (collaboratrice à l’écriture et à la réalisation et monteuse du film) qui m’a fait comprendre que je ne pouvais pas demander aux protagonistes de se mettre à nu, de révéler leur subjectivité, alors que toute leur carrière est fondée sur le fait d’être objectifs, si je ne faisais pas moi-même ce pas-là.
Pendant des années, j’ai écrit comment je vivais les changements climatiques dans un carnet. Ce carnet, reflet de mon ressenti, est devenu la voix-off du film. Les protagonistes sont venus y ajouter leurs émotions et leur subjectivité. Le carnet est alors devenu le lieu de rencontre de ces deux vulnérabilités.
As-tu un point de vue que tu souhaites partager sur la politique écologique française ? Néerlandaise ?
Je n’ai pas d’opinion sur la politique néerlandaise que je ne connais pas assez et, à vrai dire, je regarde tout ce qui se passe en politique, même en France, d’assez loin. Pour moi, c’est comme une sorte de bruit. Ce qui m’intéresse, ce sont les signaux forts qui se dégagent au-delà de l’actualité.
Même si les politiques européennes semblent un peu plus vertueuses qu’ailleurs, globalement, nous sommes tous dans un même espace politique : celui de la croissance, celui d’un monde infini. Là est le problème. On est sur une trajectoire de croissance exponentielle, ce qui, dans un monde contraint, génère des phénomènes d’effondrement avec, à très long terme, de cycles de contraction et d’expansion se succédant. Mais, peut-être que nous ne sommes humainement, biologiquement pas capables de faire autrement. Nous sommes peut-être des êtres vivants qui ne peuvent subsister que dans une expansion, un élan vital, lequel prend différentes formes selon les époques et les cultures : expansion démographique, matérielle, territoriale, spirituelle… Telle est peut-être notre nature fondamentale, laquelle nous entraîne à dépasser les limites et à nous prendre des murs…
Bref, toutes nos politiques sont inadaptées à la situation de « dépassement des limites planétaires » dans laquelle nous nous trouvons. Et pourtant, il faut bien continuer à prendre part à la vie de la Cité. Je le fais maintenant en me posant la question : y a-t-il des politiques publiques plus vertueuses que d’autres en période de décrue du système, en chemin vers des sociétés post-croissance ?
Vous avez organisé des échanges post-projection (le 24 juin, sur Amsterdam, ne fera pas exception), quel est le but de cette démarche ?
On encourage au maximum les spectateurs à partager leur ressenti, à cause de la dimension émotionnelle très forte qu’entraîne le film. Les émotions sont très différentes en fonction des personnes. Il y a des gens qui ont beaucoup travaillé sur cette question, qui sont des militants de la première heure. Eux sont reboostés : ils se disent « – Merci, je ne suis plus seul ! ». Et il y a des gens qui tombent de haut, car ils sont dans une écologie des solutions et pensent qu’il ne manque qu’une volonté politique et que le défi sera relevé. Il y a également ceux pour qui il n’y a même pas de problème. C’est important que le public se rende compte qu’autour de lui les réactions sont différentes. A un moment, on fait même échanger les personnes en binôme, avec des phrases simples comme : « – Quand je pense aux conséquences du réchauffement climatique pour moi, mes proches, ma communauté, ce que je ressens, c’est… ». Et on les invite à finir la phrase.
On part d’une information, on se projette sur les impacts et on laisse s’exprimer les émotions. Il y a 3, 4 différentes propositions et puis des temps de questions-réponses plus classiques.
Est-ce la première fois que le film est présenté à un public de francophones de l’étranger ?
Non, il a déjà été présenté en Amérique du Nord, beaucoup. On a travaillé avec les Alliances Françaises de plusieurs pays.
Quels seraient les bons mots pour conseiller Une fois que tu sais à un proche, qui n’est absolument pas sensible au changement climatique ?
De but en blanc, me vient l’histoire d’un ami d’Extinction Rebellion, qui m’a dit, après le film : « – Je suis allé voir le film avec ma sœur et juste après, on a eu une discussion qui a duré deux heures. C’est la première fois que l’on a pu parler de ce sujet et se comprendre. Merci. »
Donc, si avec l’un de vos proches, vous ne vous comprenez pas sur ce sujet, venez ensemble ! Cela vous permettra de vous rencontrer à un endroit où vous ne vous êtes pas encore rencontrés.
Quel est ton prochain projet ?
Comme mentionné juste avant, la Cité des Sciences et de l’Industrie vient d’ouvrir son exposition Urgence Climatique pour laquelle j’ai co-réalisé un documentaire avec Etienne Chaillou. C’est un petit film de 15 minutes qui se nomme Luttes climatiques.
En ce moment, je travaille sur un film pour Arte, Leur présent est notre futur, dans lequel nous suivons Saleemul Huq et son travail sur les formes d’adaptation, au Bangladesh. Mon troisième projet en cours est la suite d’Une fois que tu sais, qui s’appelle, pour le moment : Politiques d’effondrements. On continue cette exploration qui va de plus en plus vers le collectif. Ce documentaire tentera de répondre à la question nommée plus haut : en période d’effondrement, y a-t-il des politiques plus vertueuses que d’autres ?