En route avec la Dierenambulance !
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Marie-Caroline HADDAD
Elles parcourent les rues des grandes villes du pays sur les chapeaux de roues pour porter secours à nos amis les bêtes. Si, comme le disait Gandhi, « on reconnaît le degré de civilisation d’un peuple à la manière dont il traite ses animaux », les Pays-Bas et ses Dierenambulances (ambulances pour animaux) nous montrent, une fois de plus, le chemin. Francine s’est rendue au siège de la plus ancienne et la plus active des ambulances d’animaux du pays, celle d’Amsterdam. Avec plus de 70 000 appels par an, comment cette organisation caritative fonctionne-t-elle au quotidien ? Quel est son champ d’actions ? Qui sont les personnes qui y travaillent ? Francine vous invite à prendre la route avec cette équipe de choc et en profite pour décrypter ce concept très néerlandais. Prêts pour la visite ?
Pas de pin-pon dans ce camion
Le 8 mai 1978, Henk Peters inscrit la Dierenambulance à la chambre de commerce d’Amsterdam. Il utilise en premier lieu une ambulance conçue pour les humains et la bricole pour que l’on puisse y transporter des animaux. Après un prêt à la banque, il peut en acheter une seconde qu’il transforme également. Nous sommes loin des belles ambulances actuelles, pensées et construites pour répondre aux besoins de l’organisation. Aujourd’hui, en effet, les animaux pris en charge par l’ambulance bénéficient du nec plus ultra : lumière bleue pour les calmer, compartiments dédiés à chaque espèce, tout le nécessaire médical, des dizaines d’accessoires, la climatisation, un gyrophare. La différence avec une ambulance humaine ? L’absence de sirène. Hé non, vous n’entendrez pas de « pin-pon » avec ce véhicule-là !
Depuis le jour de sa création et jusqu’à aujourd’hui, la Dierenambulance d’Amsterdam remplit trois missions principales :
o Promouvoir le bien-être animal ;
o Soutenir les propriétaires d’animaux qui font appel à elle ;
o Garantir une ville saine pour les animaux et les humains.
Si c’est Amsterdam qui a ouvert le bal, petit à petit toutes les grandes villes des Pays-Bas ont à leur tour développé le concept. Découvrez, ici, si votre ville a sa Dierenambulance.
Mais concrètement, ça fait quoi une ambulance pour les animaux ?
Tout, tout pour les toutous mais tellement plus encore !
À Amsterdam, la Dierenambulance remplit plusieurs fonctions essentielles. Si certaines semblent aller de soi, telles que le secours et le transport de nos chers animaux de compagnie, d’autres sont moins évidentes. Saviez-vous, par exemple, que si vous trouviez un oisillon tombé du nid, vous pouviez la contacter ? Ainsi, au-delà du secours et transport de nos chiens, chats, hamsters et poissons rouges, l’ambulance soigne également les animaux sauvages de la ville : oiseaux, hérissons, renards, etc. Les pigeons sont d’ailleurs sa première raison d’intervention !
Un animal en danger ? L’ambulance intervient pour le soigner directement sur place, ou le conduire chez le vétérinaire le plus proche ou dans un refuge adapté.
Mais l’action de la Dierenambulance va plus loin. Elle s’occupe également de gérer les rendez-vous vétérinaires gratuits dont peuvent bénéficier les animaux des détenteurs du Stadspas. Ainsi même les personnes dans une situation précaire peuvent avoir un animal de compagnie et surtout peuvent le faire soigner.
De la même façon, l’organisation propose la pose gratuite de la puce électronique qui permet d’identifier votre chat (cette puce est, par ailleurs, obligatoire, sachez-le !).
Activité moins gaie mais essentielle : les ambulanciers sont également chargés de ramasser les cadavres de nos amis à plumes et à poils. Bien souvent, il s’agit de chiens ou de chats qui se font renverser par une voiture. Avec l’aide du service de la voirie, ils bloquent la route de nuit et ramassent les dépouilles avant de les incinérer au siège.
Là-bas, dans une pièce dédiée, des cérémonies d’au-revoir sont organisées, quand c’est possible. Comme nous le rappelle Els Lurvink, la personne qui nous a fait visiter les lieux :
« C’est très important qu’un enfant puisse dire au-revoir à son compagnon. ».
Enfin, la Dierenambulance est également chargée de prévenir la police des animaux (ce pays ne cesse-t-il pas de vous étonner ?), si elle suspecte une maltraitance animale !
En tout, ce sont en moyenne 11 000 interventions par an.
Sauvés des eaux !
Parmi les sauvetages les plus impressionnants que les ambulanciers ont dû effectuer, on peut mentionner la marée noire de janvier 2011, avec 250 000 litres de pétrole à la mer et des milliers d’oiseaux en danger. L’équipe de la Dierenambulance a été mobilisée deux semaines sur ce sujet. Un peu plus tard, la même année, une autre fuite de pétrole dans le port d’Amsterdam a menacé les oiseaux et canards des alentours. Après trois jours de travail intensif, ce sont 120 oiseaux aquatiques qui sont sauvés et amenés au refuge De Toevlucht où ils sont restés cinq semaines avant d’être relâchés. Autre évènement notable : lors de sa première année d’existence, l’ambulance a secouru tous les chats du Poezenboot alors que celui-ci était en train de couler !
Ensemble, pour tous, tout le temps
« La vie de chaque animal compte ! »
C’est par cette phrase qu’Els Lurvink, l’une des bénévoles de la Dierenambulance, a entamé notre conversation. L’organisation, en activité 7 jours sur 7 et 24h sur 24, compte trois employés à temps plein et 135 personnes qui, comme Els, y travaillent sans gratification financière. Certaines viennent d’arriver, d’autres y sont depuis trente ans ! Tous.tes sont rassemblé.es autour de cette même cause et prennent leur travail très à cœur. En visitant le siège de l’organisation – construit sur mesure, grâce à un donateur incroyablement généreux – on se rend compte que cette équipe est dotée d’un esprit de camaraderie très fort. Comme le dit notre guide :
« Il n’y a pas une semaine sans que l’un d’entre nous ne prenne un collègue dans ses bras pour le réconforter. Nous ne voyons pas toujours des choses faciles mais nous avons tous la conviction profonde d’être utiles. »
En quoi consiste le travail à la Dierenambulance ?
Il y a trois catégories d’emploi :
- Ambulancier : conduire le véhicule,prodiguer les premiers soins et déterminer où emmener l’animal. Ce poste nécessite un permis de conduire et une formation de plusieurs mois au sein de l’organisation. C’est un emploi de jour et de nuit.
- Standardiste : répondre aux appels au secours et dispatcher les interventions selon le degré d’urgence. Assurer la communication avec la police ou les pompiers, si nécessaire. C’est également un travail pour lequel il faut pouvoir se rendre disponible nuit et jour.
- Les emplois de bureau : organisation des rendez-vous vétérinaires, communication, comptabilité…
Sollicitée pour former les nouvelles recrues sur tout le territoire, la Dierenambulance d’Amsterdam est considérée comme un modèle par les organisations similaires des différentes villes des Pays-Bas. Mais sa réputation ne s’arrête pas là, puisqu’il est même arrivé que des villes d’autres pays fassent appel à elle pour se lancer.
À quand une ambulance pour les animaux dans toutes les villes de France ?
Et du coup, je fais quoi moi ?
Il y a plusieurs façons d’aider la Dierenambulance d’Amsterdam. Vous pouvez :
- postuler pour devenir bénévole. En ce moment, ils recherchent particulièrement des standardistes (très bon niveau de néerlandais requis).
- faire un don. Il faut savoir que la moitié des revenus de l’organisation provient des dons des particuliers.
- donner des linges, vêtements et chaussures : il y a un conteneur à cet effet devant le siège. Les serviettes de toilettes sont particulièrement appréciées.
- sensibiliser les nouvelles générations aux actions de la Dierenambulance en proposant qu’elle intervienne dans l’école de votre enfant.
La Dierenambulance d'Amsterdam
en quelques chiffres
Un numéro de téléphone :
020 626 2121
7 jours par semaine, 24h/24
135 bénévoles
Entre 70 000 et 75 000 appels par an
11 000 interventions
par an