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Sarah Haïlé-fida

Facile ou pas, la recherche d’emploi aux Pays-Bas ?

Les recruteurs se plaignent : il y a trop peu de candidats.

Les recruteurs se font ghoster :  les candidats ne leur répondent pas…

Des candidats ne prennent pas leur poste… sans prévenir !

Si vous êtes en recherche d’emploi aux Pays-Bas, en lisant cela, vous vous dites peut-être : “mais de quoi elle parle ?” “Je cherche, moi et je ne trouve pas !”

Selon que l’on est en recherche d’emploi ou recruteur, on ne voit pas le marché de l’emploi de la même façon. C’est évident.

1. Une recherche qui n’aboutit pas
alors qu’on manque de candidats

Il y a plein de raisons pour lesquelles une recherche d’emploi prend du temps : le job que vous recherchez est rare ou n’existe pas aux Pays-Bas, comme juriste en droit du travail français. Ou alors, il est nécessaire de maîtriser le néerlandais et vous n’en êtes pas encore là. ’C’est le cas des métiers du soin ou le travail social.

Autres cas : le job existe mais loin de là où vous résidez. Ou alors vous recherchez un temps partiel et ne trouvez que des temps complets ou inversement.

 

Si vous êtes dans l’une de ces situations, entendre que le marché de l’emploi néerlandais est très actif et qu’il est facile d’y trouver du travail peut vous agacer…

 

Pour autant, les chiffres sont là.

2. Les Pays-Bas manquent de candidats :
c’est un fait statistique

Le marché de l’emploi néerlandais aujourd’hui, ce sont 451 000 postes ouverts, soit 59 000 de plus qu’au trimestre précédent (source cbs.nl).

 On estime donc que ce sont 133 postes ouverts pour 100 personnes en recherche d’emploi…

Autre donnée intéressante : 40% des personnes qui travaillent ne sont pas en CDI.Ce chiffre comprend les personnes en CDD et les indépendants et freelances.

Enfin, le taux de chômage au 1er trimestre 2022 est de 3,6% – il était de 4,8% au premier trimestre 2021. 

L’ensemble du pays connaît donc le plein emploi puisque celui-ci commence à 5% ou moins de chômage.

Néanmoins, il convient de noter que toutes les régions et tous les secteurs n’offrent pas les mêmes possibilités.

La région de Groningen a le taux de chômage le plus élevé avec 4,3% et la région d’Utrecht est celle avec le taux de chômage le plus bas à 2,9%.

Les secteurs ayant du mal à recruter, donc dans lesquels il y a de nombreux postes vacants sont la santé, l’éducation et la construction. 

Pour les 2 premiers, il faut parler néerlandais pour y trouver un poste. Dans le secteur de la construction, on manque principalement de plombiers, charpentiers et électriciens.

Pour tout savoir sur les différents secteurs d’activité aux Pays-Bas, vous pouvez consulter ce site (en néerlandais). Suivant les secteurs, vous y trouverez des informations comme le nombre d’entreprises qui ont des difficultés à recruter ou le nombre de postes vacants dans le secteur. En creusant un peu, vous apprendrez même combien d’entreprises d’un secteur donné sont actives dans votre région ou votre ville. Malheureusement, on ne vous communiquera pas le nom de ces entreprises…

3. Est-ce que cela change le recrutement ?

Avec de telles difficultés à recruter, on pourrait penser que les entreprises sont prêtes à tout ou presque pour trouver de bons candidats et surtout les embaucher.

Certaines organisations (pas toutes, on le sait…) sont en train de prendre la mesure du problème et de mettre en place de nouveaux processus de recrutement. 

En bref, elles se lancent (enfin) dans le marketing du recrutement :

  • en travaillant leur image de marque en tant qu’employeur;
  • en retravaillant leur processus de recrutement : qui a le temps de passer 7 entretiens et de faire une étude de cas en 2022 !
  • en réfléchissant à l’intégration dans l’entreprise 
  • ou en rédigeant des offres d’emploi attrayantes. 

Elles parlent aussi de diversité et d’inclusion pour essayer de taper dans des réservoirs de candidats différents.

Comme on l’a dit plus haut : c’est aussi du marketing.

Elles mettent aussi en avant leurs initiatives en termes de diversité et d’inclusion afin d’attirer des candidats issus de communautés souvent sous-représentées. 

 

Cela ne veut bien sûr pas dire qu’en tant que candidat, il suffit de postuler pour avoir un emploi (bien que ce soit le cas dans certains secteurs comme la restauration). Cela signifie qu’en faisant un peu de recherche sur l’entreprise et en se préparant correctement, il est possible de trouver du travail, parfois en choisissant un poste en dehors de ses compétences métier. 

Changer de secteur, prendre un poste en dessous de ses compétences ou changer de région est un choix personnel et il n’y a évidemment pas de recette universelle. Mais il est possible de trouver rapidement.

4. Trois professionnels du recrutement partagent leurs expériences et leurs conseils.

Pour aller plus loin, nous avons demandé à 3 professionnels leur avis sur l’emploi des francophones aux Pays-Bas.

Emmanuèle van Houdenhoven-Collard est business developer à Undutcahbles recruitment agency. 

Emmanuèle reconnaît qu’il est de plus en plus difficile de recruter : même avec une augmentation des salaires. Depuis 2020, en fonction des postes, elle note une augmentation de 300 à 500€ brut par mois.

Les entreprises continuent à demander à ce que les candidats parlent au moins un peu néerlandais (niveau B2) pour les discussions autour de la machine à café et une meilleure intégration dans l’entreprise et certaines sont même prêtes à financer des cours de langue.

Post-pandémie, les entreprises ont recommencé à recruter des personnes extérieures à l’Union européenne avec un visa de travail pour Highly skilled migrant, en particulier dans la tech.

Au-delà du français, l’allemand est aussi une langue très recherchée. Si vous pouvez travailler en français et en allemand : bingo !

Du côté des candidats, elle constate un certain relâchement : des candidats qui ne se présentent pas à leur prise de poste et qui ne préviennent pas.

Ses conseils : Préparez-vous ! Pour les entretiens, mais pas seulement : pour l’ensemble de la procédure de recrutement.

Mickaël Emmeraud, recruteur chez Unique

Il recherche des francophones surtout pour le service client, les postes d’account manager ou le business development. 

Pour lui, les entreprises ont du mal à suivre les demandes salariales des candidats.

Au-delà du salaire, la flexibilité est une demande de plus en plus fréquente des candidats. Le télétravail devient un critère de choix, ce à quoi les entreprises sont de plus en plus ouvertes. Très peu d’organisations demandent 100% du travail en présentiel, sauf évidemment si le poste l’exige.

Il est actuellement très difficile de faire bouger des candidats déjà en poste. 

Ses conseils : Soyez proactif et préparez vos candidatures. Sachez à qui vous aurez affaire. Préparez-vous à des entretiens qui peuvent sembler informels, surtout par rapport aux entretiens à la française.

Philip Stiemer, fondateur de  France communication

Ses entreprises clientes s’intéressent  majoritairement aux personnes parlant français et anglais. Le néerlandais est plus rarement demandé. Philip recherche surtout dans le customer support, le customer service, la logistique, le project management et le commercial. 

Les candidats sont rares et les recherches difficiles.

Son conseil : Venez le rencontrer !

5. Travailler de n’importe où : mythe ou réalité ?

Depuis la crise sanitaire, on parle beaucoup de travailler de n’importe où, en mode nomade digital. 

Tout n’est pas aussi facile qu’il y paraît quand on est salarié. L’endroit où vous travaillez et celui où vous êtes considéré comme résident sont en principe les mêmes et cela a des implications fiscales pour vous et pour votre employeur. C’est-à-dire que vous devez payer vos impôts dans le pays dans lequel vous travaillez et que l’entreprise qui vous emploie doit y payer ses charges.

 

Une entreprise française peut vous salarier aux Pays-Bas sans y ouvrir de succursale en passant par exemple par les services de gestion salariale de la CCI France Pays-Bas, si vous êtes résident aux Pays-Bas. 

 

Et inversement, une entreprise néerlandaise peut vous salarier en France, si vous y résidez, en passant par les services d’une entreprise intermédiaire.

 

Il est donc possible de travailler “de n’importe où”, mais cela nécessite un certain nombre de démarches que toutes les entreprises ne sont pas prêtes à entreprendre.

6. Pourquoi c’est une bonne idée de postuler pendant les vacances d’été ?

On pense souvent que chercher du travail l’été ne sert pas à grand-chose, les entreprises tournant au ralenti.

Aux Pays-Bas, la coupure estivale est à la fois plus courte et moins marquée qu’en France. Les agences de recrutement et les entreprises continuent à chercher des candidats, en particulier pour des prises de poste rapides début septembre.

Qui plus est, s’il y a (relativement) moins d’offres d’emploi en été, il y a aussi moins de candidats, donc moins de concurrence sur chaque poste. 

Le tout sur un marché déjà en manque de candidats… 

En préparant bien vos candidatures, l’été peut donc être l’opportunité de décrocher un (nouveau) job.

La flexibilité est un peu un buzzword en ce moment :  quand on parle de recherche d’emploi, c’est la clé, même sur un marché de l’emploi en manque de candidats. La situation actuelle peut être l’occasion d’essayer un nouveau job, de changer de secteur… d’autant que les entreprises néerlandaises sont généralement moins regardantes sur les ruptures de parcours professionnel ou les changements de direction. 

Profitons-en !