Rencontre avec thomas vdb
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L'équipe de Francine
Thomas VDB, chroniqueur, auteur et humoriste (si jamais il fallait le rappeler) sera l’invité de l’Alliance Française des Pays-bas et présentera son nouveau spectacle Thomas VDB s’acclimate à Amsterdam le 9 et le 10 mai prochain. Pour l’occasion, Francine a pu lui poser toutes les questions, mais vraiment TOUTES les questions qui lui passaient par la tête concernant son spectacle, son lien avec les Pays-Bas, sa façon de travailler et son rapport à l’écologie, sans oublier ses goûts en matière de fromage et de moulins.
Après des années à travailler en tant que journaliste, cela te fait quoi de te retrouver de l’autre côté et d’être interviewé ?
Déjà, c’est trop bien, ça veut dire que je n’ai plus d’articles à écrire. Sinon, je me souviens que quand je travaillais en tant que journaliste, il y avait des célébrités qui en avaient marre des interviews. Je me disais que ça devait être très classe d’en arriver là. C’était un genre de fantasme pour moi. Mais finalement, je suis toujours dans de bonnes dispositions pour répondre aux questions, même si ce sont souvent les mêmes qui reviennent. Ce n’est vraiment pas la partie la plus dure de mon métier.
Dans ton livre Comedian Rapsodie, tu associes chaque morceau de musique à un souvenir précis. Que t’évoque « Vanina, rappelle-toi que je ne suis rien sans toi… »
C’est Dave ou C Jérôme, ça ? [NDLR : on lui répond et on en profite pour lui apprendre que Dave est néerlandais, même si c’est un illustre inconnu aux Pays-Bas.] Alors, ce que ça m’évoque, c’est que je l’ai reçu à la radio il y a une dizaine d’années et que je m’étais gentiment moqué de lui, mais que c’était quelqu’un d’assez sympathique. Après, il y a plein de variétés françaises que je n’écoute pas. Déjà, parce que je suis assez pop rock, mais aussi parce que j’aime quand je ne comprends pas un traître mot de ce qui se dit dans la chanson. Dave, j’aurais tendance à comprendre un peu trop bien ce qu’il raconte, même s’il ne m’évoque rien d’antipathique.
Mis à part Dave, y a-t-il un groupe ou un musicien néerlandais qu’on devrait absolument écouter ?
Le premier groupe néerlandais que j’ai beaucoup écouté s’appelle Urband Dance Squad. C’est un groupe qui mélange Rap et Rock dans la lignée de Machine Guns. Ils ont notamment sorti un super morceau en 1994, Demagogue. Sinon, il y a quelques années, j’ai été dans un festival et j’ai discuté avec un membre du groupe de Ska, La Roska, mais je ne sais pas si ce groupe existe encore [NDLR, il existe encore et il se produira au Nieuwe Anita le 15 avril, entre autres].
Et dis-nous, est-ce que finalement, tu as réussi à retrouver la trace du collectionneur de clips de Queen que du mentionne dans ton livre ?
Facebook m’a permis de le retrouver ! J’ai d’ailleurs retrouvé pas mal de Hollandais dans les conventions de fans et de collectionneurs de Queen.
Tu peux nous parler un peu de ton spectacle Thomas VDB s’acclimate ?
Mon spectacle Thomas VDB s’acclimate, c’est le plus politique que j’ai fait. J’avais envie de faire quelque chose qui se rapproche de mes chroniques sur France Inter et de la façon dont je m’empare des sujets. Mon spectacle est monté en deux parties : dans la première partie, je raconte que dans ma vie, je n’avais jamais envisagé de devenir écolo. Les courgettes, mettre des bottes, marcher dans la boue, ça ne me faisait pas rêver du tout. La deuxième partie consiste à dire que, même si on est d’accord pour dire que le sujet est moralisateur et déprimant, on n’a pas d’autres choix que de devenir écolo.
Est-ce que le fait d’être père a provoqué ta prise de conscience verte ou a-t-elle eu lieu avant ?
Un peu des deux. Pour moi, il y a eu un avant et un après la canicule qu’on s’est pris en 2003. C’était d’une violence inouïe. J’ai commencé à me sentir touché par le sujet, mais quand j’ai eu mes enfants, j’ai vraiment commencé à envisager l’avenir et à m’inquiéter.
Pourquoi as-tu décidé de te produire aux Pays-Bas ?
Je voulais jouer mon spectacle hors de France. Comme je ne prends pas l’avion, je voulais pouvoir y aller en train et, pour la petite anecdote, je suis venu pas mal de fois à Amsterdam. La photo sur l’affiche de mon spectacle a été prise ici (…) Quant à moi, il ne vous aura peut-être pas échappé que mon nom de famille est Vandenberghe, un nom certes pas hollandais, mais quand même flamand.
As-tu déjà joué pour des Français qui vivent hors de France ? Et sinon, vas-tu adapter un petit peu ton texte ?
Non jamais, et je sens que ce sera une expérience intéressante, puisque je parle un peu de politique française, et de la façon dont Macron et sa bande pensent gérer la question climatique. Même si le sujet est très accessible, il me tarde de voir les moments du spectacle où le public sera plus ou moins réceptif. Je pense aussi que j’adapterai un peu certains passages pour mes deux représentations.
As-tu prévu de t’adresser à d’autres francophones ailleurs dans le monde ?
J’irai jouer à Londres et peut-être en Asie dans un an ou deux. J’avais dit que je ne prenais plus l’avion et je ferais une entorse, mais ce serait peut-être pour enchaîner plusieurs dates et en profiter pour voyager avec ma famille. Si le spectacle peut nous permettre de voyager, autant qu’on soit tous les quatre.
Si tu vivais aux Pays-bas, quel genre d’expat serais-tu ?
A : L’expatrié qui ne s’acclimate pas : il ne fera jamais son deuil du camembert et de la baguette de pain.
B : Celui qui s’acclimate trop : l’expatrié transfuge qui parle néerlandais aux touristes, accouche à domicile, boit des Jägerbombs à l’apéro et critique ses compatriotes dès qu’il peut.
C : Celui qui ne veut même pas penser à l’idée de s’acclimater : N’insistez pas, je n’ai pas l’intention de venir vivre ici. Jamais.
Bon, je n’ai pas du tout l’intention de venir vivre aux Pays-Bas, mais ma deuxième fille est née à la maison (…), c’est mon côté Néerlandais malgré moi, ou expatrié bien intégré. Et j’adore venir ici : dans mon dernier spectacle Bon chien-chien, je parle d’Amsterdam et de mes activités touristiques typiques, comme la fréquentation des coffeeshops. Je fais pas mal de blagues sur le cannabis. D’ailleurs, je me souviens d’un séjour ici où le copain qui m’hébergeait m’avait dit qu’à Amsterdam, j’étais “comme un plongeur aux Maldives.”
Quelle est ton opinion au sujet du gouda ?
C’est néerlandais le gouda ? Je crois que je confonds avec la mimolette… Je vous avoue que je n’avais pas prévu de développer sur le gouda, mais allons-y. Alors, j’aime particulièrement le gouda au cumin. J’aime aussi beaucoup le gouda en sandwich, d’autant plus que les Pays-Bas, c’est quand même un pays qui fait de bons sandwichs. D’ailleurs, je connais une sandwicherie hallucinante à Amsterdam*.
Tu préfères écrire ou jouer et quel est ton médium d’expression préféré ? Radio ? Télé ? Support écrit ?
Je préfère la scène, ça permet un retour immédiat du public. Parfois, je joue sur scène et je vais faire rire avec une blague qui n’a pas fait rire la veille, ça me permet de progresser. Le côté direct de la scène est extrêmement gratifiant et enrichissant. (…) La scène, c’est vraiment le vecteur le plus direct, le plus essentiel.
As-tu le trac avant de monter sur scène ? Si oui, comment fais-tu pour ne pas partir en courant ? Des petites astuces ?
Je n’ai pas le trac avant de monter sur scène, sûrement parce que ça fait 25 ans que j’en fais. Par contre en général, juste avant, je n’ai plus du tout envie d’y aller. Je n’ai pas le trac, c’est juste la flemme de devoir répéter le même texte que la veille. Mais une fois que j’y suis, tout va bien et je m’amuse beaucoup. Sinon, avant de jouer, rien de très original, mais j’aime écouter de la musique dans ma loge et je bois un verre de vin.
En parlant de flemme, tu évoques beaucoup ta flemme, ta paresse, tout en étant en vérité très prolifique. Comment arrive-t-on à faire tant de choses quand on a la flemme ? Quel conseil donnerais-tu à nos lecteurs “flemmards” pour qu’ils arrivent quand même à réaliser leurs projets ?
Il vaut mieux un ou deux projets qu’on soigne, plutôt que trop de projets, sinon on s’éparpille et on ne va au bout d’aucun. Et puis ça ne me dérange pas de travailler, puisque j’aime ce que je fais. Mais ce n’est pas un hasard si je fais ce métier, il va bien avec la flemme. Quand j’étais petit, je me disais que je voulais faire un métier où je ne serais pas obligé de me lever tôt, ou de porter des trucs lourds (…) À mon avis, c’est lié à la flemme. Donc le conseil que j’ai à donner à vos lecteurs, c’est de bien choisir leurs projets, et d’éviter ceux où il faut porter des choses lourdes ! Cela dit, j’en fais des tonnes avec la flemme, mais j’aime quand même ce que je fais, j’ai juste horreur d’être débordé, car j’ai vite tendance à me noyer dans un verre d’eau.
Pour toi, la contrainte est un frein ou un moteur à l’inspiration ?
Quand tu écris, je trouve que la contrainte peut être un moteur énorme. C’est presque mieux qu’on m’impose un sujet, plutôt que d’être totalement libre. Je me rends compte que quand j’écris des chroniques pour la radio, le plus difficile, c’est de trouver une idée. (…) Une fois que tu l’as trouvée et que tu sais ce que tu en penses, tu n’as presque plus qu’à “remplir les cases”. La contrainte a quelque chose d’assez bénéfique, comme les deadlines, ce sont elles qui me permettent d’avancer.
Comment tu t’y prends pour parler d’écologie sans plomber ?
Il y a un commentaire qu’on me fait beaucoup à la fin du spectacle et que je trouve très positif, c’est que mon spectacle fait rire sur des sujets anxiogènes qui plombent.
L‘autre retour qu’on me fait sur le spectacle, c’est que je suis le moins accablant possible sur la question de l’écologie. J’ai bien conscience qu’on ne peut pas faire passer de message aux gens si on leur reproche de trop prendre l’avion ou de trop manger de viande. Ils vont se sentir incriminés, donc je préfère me moquer de moi-même et de mes contradictions.
L’idée de mon spectacle, c’est qu’on ne peut pas être des écolos parfaits. Il y a des gens qui pensent qu’ils ont trouvé l’argument de l’année quand ils te disent “- Ah bah dis donc, t’es écolo, mais t’as un smartphone ! ”. Si on était tous des modèles de cohérence et de vertu, on vivrait nu dans la forêt et on se nourrirait de baies. On n’en est pas là, mais ça n’empêche pas de faire des efforts.
Quelle est ta couleur préférée de moulin ?
J’ai vu plein de moulins dans ma vie, mais j’avoue que je n’ai jamais fait de classement. On va dire rouge : dès qu’on monte au nord, il y a de la brique rouge partout. Rouge, parce que ça me fait aussi penser à la Norvège qui est un des pays que je préfère au monde et où il y a beaucoup de maisons de cette couleur.
LES BONS PLANS DE THOMAS VBD
Francine a beau se positionner en experte des Pays-bas, elle ne refuse jamais les bons plans, surtout quand ils sont partagés par des fans de bonne musique et de sandwichs au gouda :
Où écouter de la musique
Les 1200 mètres carrés du disquaire Concerto accueillent les fans de musique, quel que soit le style qui les anime. Vinyles, CD, DVD, accessoires, platines, neuf et seconde main, cette caverne d’Ali Baba O’Riley (pardon) recèle de trésors mainstream et pointus. Bon à savoir : les accompagnants peuvent y siroter un café pendant que le fan de musique hésite entre deux OP parfaitement identiques pour l’œil profane.
Concerto, Utrechtsestraat 54- 60, 1017 VP Amsterdam
Où manger des sandwiches dingos
Après avoir manifesté un enthousiasme poli pour les sandwiches aux goudas (notre invité était bien élevé), Thomas VDB nous a conseillé une délicieuse sandwicherie à Amsterdam, le Smallworld. Un tour sur le site internet de l’établissement plus tard, on a effectivement hâte de tester. En revanche, aucun sandwich proposé sur la carte ne contient la moindre trace de gouda. Ceci explique peut-être cela.
Smallworld catering , Binnen Oranjestraat 14, 1013 JA
Où acheter des sabots en bois
Peut-être que les sabots, ce n’est pas votre passion. Mais ça reste une spécialité locale.
» Il y a longtemps, j’avais fait le tour des villes aux alentours d’Amsterdam à vélo. Je crois que j’ai été à Edam, Volendam et Monnickendam. Un de ces trois villages est construit sur une île et accessible via une seule route, construite il y a une cinquantaine d’années. Dans ce petit village, le nombre de boutiques de sabots est largement supérieur à la moyenne. Il y avait quatre magasins de sabots les uns à côté des autres. Je m’étais dit voilà un business florissant, le business du sabot en bois. «
NDLR : Après des recherches plus poussées, il pourrait en fait s’agir de Marken, également située dans les alentours et tout aussi célèbre. Ce petit village pittoresque est construit sur une péninsule et accessible par une seule et unique route. Deuxième point qui nous permet de supposer qu’il s’agissait en vérité de Marken : la commune abrite une fabrique de sabots en bois, les éléments concordent donc.