Rencontre littéraire aux Pays-Bas : Élodie Pinel - Pour en finir avec la passion

Samedi 8 juillet, la librairie française d’Amsterdam, le Temps retrouvé, nous proposait de rencontrer Elodie Pinel. Ce fût l’occasion pour Francine d’en savoir plus sur cet ouvrage, qui jette un œil neuf sur de grands classiques littéraires. Ce traité nous invite à démystifier la passion amoureuse dépeinte en leurs seins et à analyser la façon dont nos attentes romantiques ont pu se construire à travers elle. Vous le savez, la déconstruction et la démystification, j’adore ! Je me devais donc de vous partager mes impressions suite à la lecture de cet ouvrage et cette rencontre.

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Mesdames et Messieurs, revoyez vos classiques ! Et si la passion et l’amour dépeints dans certaines des plus grandes œuvres de la littérature, nous avaient vendu un idéal douteux fondé sur l’abus ? C’est la thèse soutenue par trois professeures et auteures Sarah Delale, Elodie Pinel et Marie-Pierre Tachet dans leur ouvrage Pour en finir avec la passion

Samedi 8 juillet, la librairie française d’Amsterdam, le Temps retrouvé, nous proposait de rencontrer Elodie Pinel. Ce fût l’occasion pour Francine d’en savoir plus sur cet ouvrage, qui jette un œil neuf sur de grands classiques littéraires. Ce traité nous invite à démystifier la passion amoureuse dépeinte en leurs seins et à analyser la façon dont nos attentes romantiques ont pu se construire à travers elle. Vous le savez, la déconstruction et la démystification, chez Francine à vélo, on adore ! Je me devais donc de vous partager mes impressions suite à la lecture de cet ouvrage et cette rencontre.

 

Passer la porte du Temps Retrouvé, c’est toujours un moment excitant. Je ne sais jamais exactement ce que je vais trouver : quels seront les nouveaux ouvrages mis en avant, quel.le libraire sera présent.e, vais-je croiser une connaissance ? Mais, c’est aussi la certitude de ressentir cette impression agréable d’être un peu en France, sans avoir à voyager. Samedi 8 juillet n’a pas fait exception. Sous une chaleur moite, j’ai franchi la porte de ce lieu, en ressentant cette petite agitation intérieure caractéristique. En bonus, cette fois-ci, un frémissement d’impatience me parcourait à l’idée de rencontrer l’une des trois auteures d’un livre qui m’a beaucoup plu. Oui, je fais fie du mystère et vous l’annonce tout de go : En finir avec la passion, est, selon moi, un livre remarquable, à plusieurs titres. Six, pour être précise. 

#1 Il ose

Remettre en question la lecture que l’on a de certains grands classiques. Il sort des sentiers battus et s’éloigne des discours académiques. Pour cette simple raison, les auteures de cet essai ont déjà bien du mérite. En le faisant, elles balaient la tendance que nous avons tou.te.s à ne surtout pas questionner ce que l’on sacralise. Elles nous donnent l’autorisation d’envisager de nouvelles interprétations.

#2 Il nous plonge dans le passé…

Nous avons étudié la plupart des œuvres présentes dans le livre au cours de notre scolarité. Replonger dedans nous fait voyager vers cette époque lointaine, comme si nous retrouvions des vieux copains autour d’une tasse fumante et évoquions avec eux un chapelet de souvenirs. Il n’y a pas à dire, les rendez-vous nostalgie, c’est sympa aussi. Ne vous étonnez donc pas si, un soir, vous optez pour un « instant lecture » avec Pour en finir avec la passion.

“- Chérie, ça te dit qu’on se mate un film sur Netflix, ce soir ?

 – Désolée, je peux pas, j’ai rendez-vous avec Julien. “ 

 – Julien ?

– Oui, Julien Sorel. Un vieux pote du lycée…”

#3 … En nous offrant des perspectives inédites des ouvrages en question….

Haaaa, la passion ! Existe-t-il un sujet qui a fait couler plus d’encre que celui-ci ? Pour en finir avec la passion nous permet de comprendre qu’entre la lecture effective que l’on fait d’une œuvre, ce que l’on en retient, les diverses interprétations qui en ont été faites, les nôtres et les intentions initiales de l’auteur, il y a parfois un monde. Dès qu’il s’agit de passion, ces distorsions sont particulièrement fortes.

#4 …Et de nos propres expériences amoureuses !

Je plaide coupable ! Oui, moi aussi, j’ai eu envie de vibrer comme Heathcliff et Catherine ! Mais du coup qu’ai-je inscrit dans ma réalité, en me fondant sur ces œuvres ? Comment ai-je pensé et construit mes relations amoureuses ? Sur quoi se fondent mes attentes lorsque j’entame une nouvelle relation ? Et oui, mesdames et messieurs, l’influence de ces grandes œuvres imprègne notre culture et ce biais est très bien souligné, par nos trois autrices.

#5 Il valide des impressions enfouies

Si l’on vous dit : “Les Hauts de Hurlevents, quelle magnifique histoire d’amour !” Vous vous voyez déjà en train de hocher la tête et de répondre : “C’était intense !”. Et, pourtant, à la lecture de ce livre (certes passionnant) n’avez-vous pas ressenti comme un malaise ? Cette Catherine n’était-elle pas sans cœur ? Et ce Heathcliff n’avait-il pas un sérieux penchant sadique ? 

Fait étrange, à aucun moment, madame Dubois, votre professeur de français de 5e, n’a évoqué ce ressenti. Lequel n’est inscrit nulle part dans le discours académique. De fait, avec les années, vos impressions de malaise et vos questionnements sont probablement passés aux oubliettes au profit des discours convenus. Or, Pour en finir avec la Passion, les souligne et les valide, enfin ! Et non, ça n’était pas que dans votre tête, tout ça ! Youpi !

#6 Il est super accessible

Voire carrément drôle ! Je ne vous le cache pas, cela fait un moment que je n’avais pas lu de traité et j’avais cette appréhension : “ OK, le sujet est intéressant, mais ça risque d’être barbant au bout d’un moment.” 

Spoiler alert : pas du tout ! 

Pour commencer, le style proposé est bien loin de celui auquel les lectures académiques nous ont habitué.e.s. Point d’arrogance dans ce bouquin ! L’humour, en revanche, est au rendez-vous dès les premières lignes et jusqu’à la fin. L’ouvrage présente aussi de nombreuses analogies tissées avec des films et/ou séries de la culture populaire, ce qui permet au lecteur de s’y retrouver même s’il n’a pas lu le livre en question. Cerise sur le gâteau : cette proposition judicieuse permet aussi de dynamiser le récit. On peut également applaudir la transposition de La Princesse de Clèves dans le présent : elle fait autant rire que grincer des dents.

Vous l’aurez compris, cet ouvrage m’a vraiment plu et je suis ravie de partager ma découverte avec vous. Merci aux organisateurs de la rencontre avec Élodie Pinel, qui, comme son ouvrage, est drôlement sympathique, en plus d’être passionnante. S’il ne fallait retenir que deux propos de son intervention ultra percutante


Dans beaucoup de classiques de la littérature, les violences faites aux femmes et aux enfants sont dédramatisées.” 

 

Quand on écrit de la fiction, on a des responsabilités.” 

 

Bastien V., si tu nous lis…